Nous sommes tou·te·s confronté·e·s à des évènements difficiles et violents. Un accident, une agression, une maladie ou un décès peuvent nous marquer profondément et douloureusement. Parfois, ce n’est pas un événement en particulier mais la répétition de comportements oppressants, négligents ou insécurisants dans notre environnement qui nous fragilise, dans le cas de maltraitances ou de harcèlement par exemple.
En général nous allons guérir et cicatriser, comme on se remet d’une blessure, grâce au temps, au soutien de nos proches, aux différentes ressources présentes dans nos vies. Mais il arrive parfois que nos capacités d’auto-guérison et de résilience soient dépassées et que le processus se bloque, comme une plaie infectée qui se réouvre sans cesse. Dans ce cas nous avons parfois besoin d’aide pour défaire les séquelles du traumatisme, ou l’état de stress post-traumatique.
Les conséquences d’un (ou plusieurs) événement(s) traumatisant(s) peuvent prendre différentes formes. Parfois nous avons des pensées et images intrusives, des flash-backs ou des cauchemars : l’horreur se rappelle à nous comme une tentative désespérée du cerveau d’intégrer ce qui s’est passé.
Parfois nous pouvons ressentir de la dissociation : l’impression d’être coupé·e·s, déconnecté·e·s de notre corps ou de nos émotions, comme si on n’était pas vraiment là, avec des sensations d’oubli ou d’anesthésie, comme un coupe-circuit qui évite la surcharge de douleur.
Pour essayer de tenir à distance cette souffrance, il arrive aussi que nous mettions en place des stratégies d’évitement, parfois malgré nous. On n’en parle pas, on n’y pense pas et on peut utiliser des diversions : excès d’alcool et autres psychotropes, de nourriture, oubli dans le travail, la fête, le sport, le sexe, scarifications ou tentatives de suicide, etc.
Parce qu’il nous est difficile de reconnaître les dégâts sur nos vies, nous faisons également usage du déni et de la minimisation : ce n’est pas si grave, il y a pire dans la vie, et puis c’était il y a longtemps.
Il est également possible que nos émotions soient dérégulées, comme si nos alarmes intérieures étaient coupées, ou au contraire ultra-sensibles (attaque de panique, irritabilité, dépression, anesthésie émotionnelle, etc).
Toutes ces réactions sont normales ! Elles ont pour but de nous protéger, de nous permettre de survivre, de continuer à avancer. Et toutes ces réactions sont réversibles : on peut apprendre à les identifier et à les modifier pour ne plus en être prisonnièr·es.
L’objectif recherché ici est d’intégrer le ou les épisodes traumatisants : c’est-à-dire trouver la capacité à se connecter avec cet événement sans être ni débordé·e·s, ni coupé·e·s. L’évènement est alors rangé dans notre mémoire biographique : je sais que ça m’est arrivé, je peux ressentir de la tristesse ou de la colère quand j’y pense et je ne suis pas dépassé·e par ces émotions. Pour arriver à cela, différents axes thérapeutiques peuvent être considérés.
Parfois il est utile de mettre des mots sur ce qui s’est passé, de réactiver cette partie de notre cerveau qui gère le langage, de sentir que ces mots peuvent être entendus et compris par quelqu’un·e d’autre. Ça peut aussi nous permettre de réaliser que nous avons intériorisé des croyances fausses et négatives sur nous-mêmes (« c’est de ma faute », « je ne méritais pas mieux ») et de commencer à les modifier. Par exemple en redistribuant les responsabilités pour sortir de la honte et de la culpabilité.
En hypnose, on peut parfois imaginer ré-écrire des morceaux de l’histoire ou explorer des scénarios alternatifs. Bien sûr, nous ne changerons pas le passé, mais nous pouvons agir sur les traces qu’il a laissé, dans nos pensées et dans nos émotions.
En EMDR ou en RITMO, on utilisera les stimulations bilatérales pour stimuler ce processus de retraitement de l’information traumatique. On peut également travailler sur le corps et le système nerveux, en portant l’attention sur les sensations ressenties pour leur permettre de se réguler.
Un travail thérapeutique se doit d’être progressif pour permettre que vous vous sentiez en sécurité, à la fois avec la personne qui vous accompagne et dans votre vie en dehors du cabinet. N’hésitez pas à faire part à votre thérapeute de vos besoins (par exemple, à quelle distance est-ce confortable pour vous de vous asseoir ?).
C’est aussi le moment de construire ou de renforcer la stabilité et les ressources qui vous permettront de vous appuyer dessus. Qu’est ce qui vous fait du bien, qu’est ce qui vous apaise ? Quelles stratégies avez-vous pour gérer les crises et revenir dans une zone tolérable ?
Parfois, il s’agit aussi de reconnaître la partie de vous qui a été blessée, et de lui faire sentir qu’aujourd’hui, vous êtes en capacité de prendre soin d’elle. Parce que les événements traumatisants ont eu de nombreuses répercussions sur votre vie, il peut être intéressant de prendre conscience des différentes ramifications, de l’impact en ricochet, afin de travailler à la fois sur les racines et sur les branches.
Il n’est pas du tout obligatoire de revivre le traumatisme pour pouvoir le guérir, ni de faire sa biographie détaillée. Il n’y a aucun intérêt thérapeutique à chercher à se connecter avec la charge émotionnelle présente au moment de l’événement.
Au contraire, nous pouvons travailler à partir de ce qui est là au présent : quelles sont les sensations, les pensées, les émotions et les comportements qui découlent de cet épisode de vie ? Qu’est ce qui en est encore actif aujourd’hui ?
L’idée ici est toujours de rester dans la zone qui est supportable pour vous, en avançant progressivement, de manière à augmenter vos capacités à faire face sans jamais les saturer. Il est parfois nécessaire de faire des allers-retours, pour faire comprendre à tout notre système intérieur que ces événements appartiennent bel et bien au passé, et que nous sommes maintenant en sécurité.
Une série de podcasts sur le psychotrauma et les différentes approches thérapeutiques sur le site de l’Association Francophone du Trauma et de la Dissociation (AFTD) : https://www.aftd.eu/page/2145561-podcasts
Un livre de référence sur le traumatisme, qui synthétise les connaissances scientifiques et présente différentes approches thérapeutiques : Le corps n’oublie rien, de Bessel Van Der Kolk (disponible en édition de poche).
A Marseille, l’unité de Psychotraumatologie de l’hôpital de la Conception (13005) propose un accompagnement pluridisciplinaire : http://ap-hm.fr/site/unite-de-psychotraumatologie
En cas de détresse, ne restez-pas seul·e·s : parlez-en à vos proches, à votre médecin, à votre psychiatre ou psychologue.
En cas d’urgence, appelez-le 112, numéro d’urgence européen (SMS au 114 en cas de difficulté à parler ou entendre).